Je n’écris pas souvent, et ce n’est pas bon signe… J’ai traversé
des moments forts difficiles depuis environ 5 mois. Je me suis retrouvée en
congé maladie, qui se terminera sous peu, en novembre 2014, parce que ma santé
mentale était littéralement en train de s’écrouler… Mon monde s’est écroulé.
Avec le retour au doctorat depuis l’automne 2013, mes diverses occupations ici
et là, de plus en plus nombreuses et prenantes, le tout conjugué avec mes
responsabilités familiales, a fait que j’ai carrément été incapable de
supporter la pression… Je me suis brisée en mille morceaux… Les semaines, les
mois ont passé depuis, et je tente maintenant de recoller ces morceaux, mais
différemment. J’ai évacué de ma vie toutes sources de pression indue. Il ne me
reste plus que mes responsabilités familiales et l’espoir de recommencer à
plancher sur ma thèse de doctorat éminemment.
Pendant cette période difficile, je suis passée par bien des
chemins : le déni de la maladie mentale (j’ai même cessé ma médication,
une bien mauvaise idée d’ailleurs); l’auto-rejet (je ne voulais plus être un
poids pour mon conjoint et mes enfants); le désengagement (je refusais de faire
des efforts afin d’améliorer mon sort); la panique et la fuite (j’étais
incapable de faire face à quelque situation que ce soit, même me laver, puis je
fuyais en dormant beaucoup). Malheureusement, je ressens encore, de temps à
autre, les soubresauts de ces sentiments qui m’ont habitée tour à tour ou de
manière simultanée, mais j’arrive actuellement à mettre rapidement de côté ces
tourments pour me concentrer sur mon rétablissement.
Seule, couchée dans mon lit, à regarder le plafond, ou les
branches des arbres visibles de ma fenêtre, j’ai passé bien du temps à réfléchir
pendant ma période sombre… Pourquoi je me retrouve avec tant de problèmes de
santé mentale à l’aube de la quarantaine? Pourquoi mon conjoint continu d’avoir
espoir en moi, plus que moi-même par moment? Par où commencer à recoller les
morceaux, si nombreux que la tâche en paraît parfois insurmontable? Est-ce que
ce combat avec la maladie mentale sera un jour moins difficile à mener? Malgré
tous mes efforts afin de protéger mes filles des impacts de mes ennuis de
santé, sauront-elles les reconnaître lorsqu’elles seront plus âgées ou m’en
voudront-elles de ne pas avoir été la super-maman que j’aimerais tant être pour
mes enfants? Vais-je avoir eu un impact négatif sur le développement de mes
filles malgré tous les efforts que mon conjoint et moi avons déployés pour les
protéger et préserver leur naïveté et leur bonheur d’enfant?
Qu’est-ce que je veux faire de ma vie dorénavant, sachant et
acceptant que mes conditions mentale et physique me limitent énormément? Je n’ai
pas encore trouvé beaucoup de réponses à ces questions… Mais, ce que je tente
de faire maintenant, c’est d’avancer malgré tout, en ayant pour objectif de
préserver ma petite famille qui fait toute ma fierté.
Par souci de mettre toutes les chances de mon côté, j’ai
recommencé à prendre de la médication adaptée à ma condition en janvier. J’ai
également recommencé une démarche psychothérapie avec ma psychologue il y a un
mois. Puis, le plus important, j’ai retrouvé l’espoir, celui qui me permet de
faire de mon mieux, de bonne foi, afin d’améliorer mon sort et celui de ma
famille nécessairement.
Au cours des derniers mois, j’ai aussi réalisé une chose :
lorsqu’on souffre de maladie mentale et qu’on se retrouve officiellement en
congé maladie, notre entourage a différentes réactions : certains se
montreront empathiques, surtout ceux qui sont des étrangers, telles que les
personnes qui ont traité mon dossier à l’université; d’autres, les
connaissances et même plusieurs personnes proches, feront comme si il ne se
passait rien du tout dans ma vie, allant jusqu’à m’ignorer. C’est ce qui fut
parfois vraiment lourd à porter… Presque personne n’osait prendre de mes
nouvelles, comme si j’avais une maladie contagieuse. Presque personne ne s’est
montré inquiet pour notre famille qui vivait une période très difficile. Je
sais que chacun a ses problèmes, mais je sais aussi que, si je m’étais cassé
les deux jambes, mon entourage n’aurait certainement pas agi de la même
manière. Bref, la maladie mentale, ça fait peur. Mais, ce qui est terrible dans
tout ça, c’est qu’une famille vivant justement une crise liée à la maladie
mentale aurait besoin d’empathie au même titre que s’il s’agissait d’un problème
de santé physique qui assaillait l’un de ses membres… Alors, si un jour quelqu’un
de cher à vos yeux éprouve des ennuis de santé mentale, je vous en prie, n’ayez
pas peur de lui demander au moins, avec sincérité, comment il va… Vous n’avez
pas idée combien ce petit geste comptera à ses yeux… Je pense notamment à mon
cousin et ami qui, malgré qu’il vive lui-même son lot de difficultés
familiales, a pris le temps de prendre de mes nouvelles et de me démontrer
amour et empathie pendant cette période difficile : il faudrait que je lui
dise combien tout cela a compté pour moi et m’a aidé à m’accrocher envers et
contre tout.
Enfin, deux citations (ou pensées) m’habitent actuellement et me
guident professionnellement. (1) « Si j’abandonne maintenant, je serai
rapidement de retour à mon point de départ… Et au départ, je souhaitais désespérément
être là où je suis maintenant… » Donc, je poursuis le doctorat, et je
regarde devant. (2) « N’abandonne surtout pas à cause de ce qu’une
personne a dit. Utilise ces paroles comme source de motivation pour travailler
encore plus fort. » Ainsi, je change de directrice de recherche, car celle
que j’avais jusque-là a jugé que je prenais une mauvaise décision en revenant
au doctorat… À ceci, je répondrai que je suis seule juge de mes choix de vie et
que le jugement hâtif et même discutable des autres sur mes ennuis de santé
mentale ne me décourageront pas à continuer de persévérer malgré mes maudites limites.
Félicitations et bon courage, avec tous les efforts que vous faites vous allez réussir à recoller tous vos petits morceaux. Continuez à être persévérante et il ne fait aucun doute que vous allez retrouvée votre joie de vivre.
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