Voilà maintenant 5 mois que j’ai quitté l’université… Ce
lieu autour duquel je m’étais entièrement définie professionnellement, et même
en grande partie, personnellement. Mon deuil de la carrière universitaire n’est
pas fait, mais j’y travaille. Je viens de passer un peu plus de deux mois avec
mes deux enfants, en congé estival, et j’ai pris les choses un jour à la fois…
Hier, c’était la rentrée scolaire… et je me retrouve de nouveau seule pendant
la journée, et je me dis que je dois dorénavant cesser d’éviter le sujet… Il
est temps pour moi de passer à autre chose! Mais que sera cette autre chose???
D’abord, l’été qui vient de passer m’a confirmé qu’être maman me gratifie
énormément. M’occuper de mes filles à temps plein m’a rendu véritablement heureuse.
Les journées m’ont parfois semblées longues avec le peu d’énergie que j’ai,
mais au bout du compte, la présence de mes enfants à mes côtés n’a eu que du
positif sur mon moral. Or, la rentrée scolaire m’oblige à me retrouver de
nouveau face à moi-même. Je suis donc une maman comblée… mais encore? Je suis
aussi une épouse fidèle et dévouée. Mon conjoint, je l’adore… Il est exigeant
envers moi, très exigeant parfois, et même si cela me cause de l’anxiété, c’est
aussi une source importante de motivation à garder le cap. Je sais aussi que
tant que je serai de bonne foi, que je battrai pour maintenir un semblant d’équilibre
face à la maladie mentale, mon mari sera là pour moi et qu’il se battra à mes
côtés.
Je suis donc une maman et une épouse heureuse et comblée…
Mais, le grand vide laissé par le retrait de mon identité professionnelle
demeure malgré tout… C’est pourquoi j’ai pris tout mon courage à deux mains en
juin dernier, et que j’ai décidé de me redéfinir en créant de toutes pièces un
projet, dans mon domaine d’expertise. Bientôt, je devrais commencer à en voir
le fruit… Sous peu, je devrais travailler une dizaine d’heures par semaine, sur
4 jours, ce qui est bien suffisant considérant que je me remets d’un « burn-out »
ou d’une phase dépressive intense de plusieurs mois... Mon projet me rends très
anxieuse mais je sais qu’une fois le tout démarré, je serai fière d’avoir
dépassé mes peurs et mes appréhensions face à l’inconnu.
Non, mon deuil de la grande carrière universitaire n’est pas
fait, mais je passe doucement à d’autres choses et je me valorise à travers ce
que je suis, moi, la mère, l’épouse et, bientôt, la travailleuse autonome!!! Je
sens un réel avenir se dessiner pour moi… ne reste plus qu’à lui tendre les
bras. Je sais que le combat avec la maladie mentale ne sera pas toujours facile
mais, aujourd’hui, j’ai le goût de croire en ma chance!